RENCONTRE


Rencontre avec
Virginie Linhart 
pour son livre 
La Vie après
 paru aux éditions du Seuil 
Jeudi 24 mai à 18 h 30 

Virginie Linhart est née en 1966. Elle est réalisatrice de documentaires historiques et politiques: Vichy et les juifs avec Patrick Rotmann en 1997, Histoires de gauches en 2003, et plus récemment Juin 40: le piège du Massilia. Elle a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels Le jour où mon père s’est tu  et Volontaires pour l’usine: vies d’établis 1967-1977. Elle est la fille du sociologue Robert Linhart. Son nouveau livre, La Vie après, raconte comment les survivants de la Shoah  sont « revenus au monde des vivants » : l’immédiat retour des camps d’abord, la si difficile réadaptation à la vie familiale, la nécessité de témoigner, l’inscription dans la vie sociale et économique, tous les aspects de cette « vie après » sont racontés, à travers des entretiens menés par l’auteur, à travers, aussi,  l’histoire personnelle de Virginie Linhart.

« L’amour de mon grand-père pour la Suisse où nous passions nos vacances m’a toujours agacé. A ses yeux, c’était le pays le plus formidable au monde. Comme si le fait que la Suisse se soit tenue à l’écart de la seconde guerre mondiale lui permettait d’échapper à son histoire tragique de juif polonais. Nous, ce n’était pas une chape de plomb qui recouvrait notre passé mais un épais manteau blanc de neige immaculée : jamais mon grand-père ne parlait de ce qu’il avait vécu, jamais il n’aurait toléré que ma grand-mère le fasse. Pour comprendre leur histoire, il m’a fallu aller à la rencontre d’autres juifs survivants, rescapés de l’enfer des camps d’extermination. A eux, j’ai osé poser les questions qui m’ont été si longtemps interdites : comment renouer avec le fil d’une existence interrompue dans une telle violence? Comment se reconstruire quand tant des vôtres ont disparu ? Comment croire en l’avenir, à l’amour, en la descendance ? Comment vivre après?
C’est en les regardant, en écoutant leur récit, en riant avec eux, même du pire, que j’ai enfin compris ce qui plaisait tant à mon grand-père en Suisse. »