LITTERATURE

Vendredi 27 septembre à 18h30 
rencontre avec 
Yveline Stéphan 
pour son livre
La marque des détours
paru aux éditions Infimes



Yveline Stephan a longtemps habité Orléans. Elle y a enseigné, a travaillé aux Nouvelles d'Orléans, au Cercil... Elle a publié plusieurs romans: Saisons sans voix aux éditions l'Harmattan, Elise B.  et Un voile rouge à la surface des vagues, tous deux aux éditions de l'Aube. 
"Ecrire? on ne sait pourquoi... comme une exigence, une évidence. Peut-être comme catharsis... Dire, tenter de dire "l'indicible ".. Ecrire pour ne pas se taire. Elle, Léna, n'a aucun souvenir, elle ne sait rien de sa vie, de la vie de sa mère, de l'attente de sa mère... Léna écoute et se tait... elle attend. Toujours dans l'attente. Elle, Léna n'a aucun souvenir, elle vit dans un oubli de soi, dans un oubli du passé. Pourtant, le passé est là... Il la taraude, revient comme un boomerang.... Au détour d'un mot, d'images furtives. Léna ne sait rien ni de la vie de sa mère , ni des gens de l'immeuble où vivait sa mère : les Zybelbermann, les douces petites filles, les Sarah, Ginette, les petits garçons Maurice, Robert ... les petites gens, "les riens"... qui un matin de juillet on été emmenés. Les Chaja, Moshé, Annette, Hélène, Jules , David le vieux monsieur à casquette, la vieille dame à l'accent épouvantable... Léna ne sait rien mais elle ne peut pas oublier... Elle a peur d'entendre ce qu'elle sait, confusément, déjà. Elle ne peut vivre sans entendre. Entendre ce qu'elle n'a pas vu. Entendre les voix oubliées. C'est si difficile, alors, elle cherche.. Pour dire, enfin. Elle cherche, la peur au ventre. Eperdue, elle cherche et veut aller à la rencontre de ces fracassantes constellations niées, oubliées, noyées dans le flot de l'Histoire. Le passé est là, omniprésent , fracassant. Un turbulent silence. Elle ne sait rien et en même temps sait tout. Elle vit dans l'absence de mots, dans l'absence d'images. Dans ce passé, cette mémoire improbable, elle vit dans la négation de soi. Elle ne connaît que la déchirure, que le vide, rien que cela. Elle ne peut se revendiquer de "rien"... Une mère "collabo" une mère, sait-on qui est cette mère? Violette dans "Saisons sans voix", sur un pont qui riait sous les oriflammes rouges et noires, cette femme qui ne voyait pas une famille qui allait chercher quelques étoiles? Léna, une enfance réduite à un non amour... Léna qui aimerait... qui aurait aimé qu'on l'aime un peu. Alors, elle se perd, se perd d'aimer, se perd de ce grand "tenter de s'aimer.." Elle se perd dans l'assourdissant silence, se perd dans la marque des détours..." Y.S