LE ROMANESQUE VAINQUEUR

Mardi 6 octobre à 18h30 
nous recevrons 
Agnès Desarthe
 pour son roman paru aux éditions de l'Olivier 
Ce coeur changeant 


Agnès Desarthe est née en 1966. Romancière, elle a publié notamment : Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Dans la nuit brune (prix Renaudot des lycéens 2010) ou encore Une partie de chasse, ainsi que de nombreux ouvrages pour la jeunesse. Elle a également publié un essai consacré à Virginia Woolf avec Geneviève Brisac, V.W. Le mélange des genres. Son essai autobiographique Comment j’ai appris à lire (Stock, 2013) a connu un grand succès critique et public. Elle est également traductrice, lauréate des prix de traduction Maurice-Edgar Coindreau et Laure Bataillon.
Ce coeur changeant vient de recevoir le Prix littéraire du journal Le Monde: "Le romanesque vainqueur. Dans une rentrée où la « non-fiction » littéraire continue de gagner du terrain, c’est Ce cœur changeant, d’Agnès Desarthe, un roman « d’évasion », à la fois historique, d’aventure, philosophique, qui a remporté le prix littéraire du Monde. Il se place sous le signe d’un romancier (Alexandre Dumas), d’un philosophe (Spinoza) et d’un poète (Apollinaire). Exploratrice de formes et de tons, c’est sans aucune naïveté qu’Agnès Desarthe se livre au plaisir du ro­manesque, mais avec un art ­consommé du récit, du tableau et du dialogue. Son beau titre, Ce cœur changeant, qu’elle emprunte à un vers d’Apollinaire, suggère bien comment l’action est constamment relancée. De hasards en coups du sort, Rose, l’héroïne, a du mal à savoir qui elle est, ce qu’elle désire et où elle va. Ce ne sont pas ses réflexions qui donnent du sens à ce qu’elle traverse, mais les événements qui impulsent à sa vie son tempo. Tout semble réuni pour faire de Rose l’héroïne d’un roman d’apprentissage au féminin. Si le texte d’Agnès Desarthe est à ce point séduisant, et si ce très romanesque ouvrage, dont l’action se situe au début du XXe siècle, résonne de manière contemporaine aux oreilles du lecteur du XXIe, c’est précisément parce qu’il subvertit, discrètement mais constamment, ce modèle: impossible pour l’héroïne de trouver le sens des épreuves qu’elle traverse ; elles ne lui ont pas été imposées de l’extérieur, en vertu d’un but à atteindre. La vie de Rose comme le roman tout entier trouvent en eux-mêmes leur propre nécessité. Il faut du temps à la jeune femme pour l’accepter, qui pleure lorsqu’elle « ne sai[t] plus qui, ni quand elle [est]. Si elle tentait de remettre bout à bout les morceaux de son existence, le puzzle lui résistait. Aucune des pièces ne s’imbriquait ». C’est aussi ce qui donne à l’écriture sa grande légèreté, laquelle n’est aucunement de la ­facilité. Les péripéties s’enchaînent, les époques se succèdent.